helioss - devenir le soleil lyrics
++premier chant : lumière disparue++
(die tür ist geschlossen)
hommes face au ciel, visages fermés
poings clos, lèvres serrées
les pieds dans la poussière
né d’une seule et mille voix un cri s’élève :
«le noir a fondu sur nous»
(le matin n’est pas venu)
maudissant le zénith constellé d’astres sombres
un prêtre claque des dents, frissonnant d’un passé
où les étoiles riaient, se laissaient contempler
il se penche et écoute le ver qui dans la tombe
connaît les temps anciens et se les remémore :
«le soleil est entré au royaume de la mort»
(der wurm hat recht)
au ventre sec de nout tissé d’yeux immobiles
(ils scrutent la face de geb abandonnée des dieux)
manque le père de toutes choses, le grand joyau serti
que la belle déesse porte fièrement en son nombril
orphelin du soleil qui n’occupe plus les cieux
l’azur est cond+mné aux déserts infinis
(les étoiles rient, elles savent
que râ ne reviendra pas)
wait for the man to come
he knows why they whisper
if he can’t bring the sun back
then who can?
il suffirait d’attendre que l’horizon stérile
libère l’astre du jour, jurent les morts à venir
l’homme se tait et attend que des coeurs qui s’arrachent
grandisse l’acceptation du choisi entre mille
son chemin est tracé, il sait qu’il mène au pire
il connaît le soleil, il sait où il se cache
c’est là, dans la montagne, que le flambeau se terre
c’est là, dans la montagne, que l’homme devra descendre
(die tür ist geöffnet)
++deuxième chant : lumière brûlante++
«tout ce temps la lumière était là, juste sous nos pieds ; elle servait de linceul aux corps de nos aînés. nous imaginions
le royaume des morts obscur et silencieux. nous avions tort : car c’est dans le ventre d’un volcan que se consumaient
nos espoirs de repos.»
(blinde wut)
«dans le premier cercle brûle une rage sans limite ; elle corrompt la chair et tord les esprits. ici tout est clair, à
seulement quelques lettres de l’aveuglant + mais c’est une lumière sale, une lumière furieuse qui n’aurait d’existence
que dans l’exubérance
blake évoquait les tigres de la colère, ignorant de quel feu brûlaient leurs yeux
mais blake n’a jamais atteint le premier cercle»
(heilige wut)
underneath the skin there’s no flesh and bones, just light and anger
this is where war belongs, this is where madness runs
infinite webs of life, born, dead and born again
no end to wait, no end to crave
no end to beg, begging is for shadows
«l’homme est descendu dans le cercle pour y chercher les derniers rayons du soleil ; il n’avait pas imaginé le
maelstrom, la sueur, les hurlements et la colère. tout ce qui était sous terre criait, et de leurs cris naissait une lumière
aveuglante. les guerriers d’époques anciennes y perpétuaient des massacres commis des siècles en arrière + ils avaient
oublié qu’ils étaient morts un jour +, et plus le sang coulait, plus la lumière grandissait
l’homme crut alors avoir trouvé
ce qu’il était venu chercher»
(liebte wut)
i’ve found what i’ve been looking for
in the rage of men lies clarity
make me one of thee
let me hold the fire that’s burning inside you
even if i know anger is a light no one can bring back
«quand l’homme fut plein de la lumière du premier cercle, qu’il s’en fut gorgé et eut succombé à ses délices, il comprit
qu’il avait adoré un mirage : la lumière qu’il cherchait n’était pas celle de la colère des anciens morts, ni celle de la rage
des futurs vivants, mais quelque chose qui gisait plus loin, et plus profondément. la rage consumerait ses os, ses
tendons et ses muscles + elle le transformerait en une cendre crayeuse. il fallait donc descendre, descendre encore
hélas»
++troisième chant : lumière morte++
sur la route du soleil gisent des miroirs fendus
ils renvoient les échos d’une lumière disparue
l’homme écoute le ver qui chuchote tout bas
qu’on ne doit à aucun prix revenir sur ses pas
la voie s’étire au loin en pente douce et sombre
la clameur diminue, les anciennes colères tombent
de la lumière du haut ne demeure qu’un halo
un cercle brûlant de rage, qui disparaît bientôt
le deuxième souterrain est celui des vestiges
un crépuscule immense dont les ombres sont liges
l’homme ici n’est pas seul ; il marche avec ses pairs
pour avancer il doit se fier à sa lumière
le deuxième souterrain est celui de l’absence
une lumière y brûlait jadis d’un feu immense
mais désormais ses cendres en tap+ssent le chemin
des cadavres souriants vous y tendent la main
«reste avec nous», disent+ils, «pourquoi aller plus loin?»
«ici la lumière couve, apaise, guérit, prend soin»
l’homme regarde alentour, aveugle, et désespère
car il ne parvient pas à percer ce mystère
le deuxième souterrain est celui du mensonge
celui qui prend, étreint, celui qui prie, et ronge
sous des dehors habiles de paix, sérénité
rien ne bouge plus jamais, tout y demeure scellé
«reste plutôt avec nous», continuent les cadavres
«il n’y a rien plus bas, ceux qui sont morts le savent»
l’homme contemple triste cette vaste étendue
se souvient du chemin : il n’est donc pas perdu
«votre lumière est morte, je n’en ai pas voulu»
++quatrième chant : lumière absente++
j’ai rencontré l’obscurité
elle marchait devant moi
me suivait
et chacun de ses pas dans les miens me rappelait cette fois où je l’avais cru partie
fou, je l’étais, de penser que les ombres pouvaient un jour cesser de me suivre
car le noir est en nous. il est le ciment dont nous nous fabriquons
il ne nous quitte jamais
alors, j’ai passé la porte
j’ai avancé à sa rencontre
pour le laisser m’engloutir
(abondance d’absence et de silence est encore abondance)
au beau milieu du noir, de ce que j’imaginais être son épicentre, je me suis assis
il me parut facile alors d’oublier les raisons qui m’y avaient conduit
fermer les yeux, être son propre centre
ne faire plus qu’un avec l’obscurité
craindre que la mort vienne vous faucher
car dans le noir rôdent celles qu’on nomme les affamées
elles chassent les hommes perdus
elles dévorent ceux qui renoncent
assourdi de silence
pourtant je vis encore, je respire cet air noir
et si les créatures rôdent, elles sont encore loin
(se lever, il faut se lever)
contre les ténèbres, avancer
il n’est qu’un seul remède
il n’est qu’un seul espoir
(se lever, il faut se lever)
rien ne viendra t’aider
il n’est qu’une seule porte
il n’est qu’un seul chemin
(se lever. il faut se lever)
(hier ist keine tür : du bist die tür)
++cinquième chant : lumière éteinte++
i’ve been all the way down
i met those who worshipped blood, fear and madness
but i walked
i met the corpses slowly fading to black
they told me to stay with them
but i walked
i met obscurity, and in its center i met myself
i walked again
men thought light was lying deeper underground
but it was buried inside me
passée l’obscurité, l’homme poursuit son chemin
et il descend jusqu’où personne ne peut descendre
trouve alors le soleil, encastré en son centre
mais l’orbe ne brille plus. il a cherché en vain
face à lui gît le corps sans vie d’un astre éteint
une force a étouffé le désir brûlant
capable d’éclairer le monde et ses enfants
et a éteint le feu qui couvait en son sein
mais l’homme se reprend :
«aucune force ne peut assassiner un astre. seulement une absence.»
et de comprendre enfin que ce sont nos silences
qui effacent les routes et éteignent les feux
ses jambes l’abandonnent. il s’effondre et se blesse
aucune prière, aucun chant, plus rien ne vient
il s’imagine revenir, il repense aux anciens
et il ouvre les bras : que le noir se repaisse
ici, le crépuscule des mondes
(devenir le soleil)
une voix, une seule, résonne, la sienne
(devenir le soleil)
des tréfonds elle s’embrase
(devenir le soleil)
elle prend naissance en lui
(devenir le soleil)
elle déchire ses entrailles
(devenir le soleil)
c’est cette lumière en lui
(devenir le soleil)
elle lui hurle de briller
(devenir le soleil)
elle exige de régner
(devenir le soleil)
devenir le soleil
(devenir le soleil)
prendre la relève
(devenir le soleil)
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