l (raphaële lannadère) - n'oublie pas lyrics
[intro : l]
je t’attends, je t’attends j’ai le temps
je t’attends je t’attends j’ai le temps
n’oublie pas ce que c’était de faire l’amour à cette heure+ci du jour
la lumière passait dans l’œil de bœuf
et jouait avec les plis du ventre et des fesses
elle pourchassait un grain de beauté et mourait dans l’estuaire du s+xe ouvert comme une mangue
où la vie recommençait
la partie était perdue d’avance
pour nous, ce n’était pas une raison de ne pas la jouer
n’oublie pas ce que c’était de danser comme des épouvantails
qui quittaient, pour la première fois, leur piquet, leur champ, leur soleil bouillant dans les grandes plaines de fossés débordants de branches mortes
à l’entrée des villages plantés dans le décor comme des fléchettes tordues
nous avons dansé si mal, si longtemps et si fort
avant de retourner cuire au milieu des blés hauts
nous savons depuis notre naissance
que nous sommes voués à finir brisés en mille morceaux
n’oublie pas ce que c’était de croire en toute parole humaine
de passer à travers des portes fermées le plus violemment possible
de plonger son corps dans celui de celle qu’on aime
et de se laisser porter aux vagues de son plaisir
chaque seconde qui passe tombe de ma bouche
et vient gonfler les flots des heures perdues
je me suis égarée dans tes promesses, je ne me retrouve plus
n’oublie pas la douceur de mes mains sur toi maintenant qu’elles sont dures
d’avoir touché les cornes des bêtes sauvages
j’ai voulu t’apporter la vie nouvelle et j’ai griffé ton paysage
tu me dis que je ressemble à ces chiens fous sur les bords des cours de ferme
pourtant je garde sans morsure la terre qui fut la mienne
où j’avais préparé une couche de paille, un gros pichet de lait et des tresses de montagne
autour pour accueillir ma reine
n’oublie pas ce que c’était ce grand ciel bleu renversé sur la mer
que je connais si mal à cause des ombres où je suis née
mon azur est percé par les flèches d’une cathédrale
le noir me rassure et le bleu me fait mal
je sens encore passer sur moi l’odeur des couvertures
où je dormais longtemps jusqu’à ce que les ânes rappellent en leur campagne
ta caresse et ta main
où tu gardais le pain dur comme un barreau de table
n’oublie pas ce que c’était de s’écorcher aux ronces des chemins effacés entre la pente et la rivière
je passais devant pour défaire les tiges nouées aux portes de l’eau claire
tu te baignais souvent, je restais à la rive les pieds nus dans la boue
tu étais si paisible et nous étions chez nous
n’oublie pas ce que c’était d’aimer et d’être aimée de cette façon
je te souhaite que cela recommence
que tu puisses y croire de nouveau
avec ce même désir vissé au corps comme une poche au flanc d’un beau manteau
n’oublie pas que je n’oublie rien de tout cela
demain je serai encore là et toi tu seras déjà loin
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