lucio bukowski - entre les lignes lyrics
[intro]
“au cours de notre existence, la vie nous tend toutes sortes de pièges. l’écriture est un d’ces pièges. certains écrivains ont tendance à reproduire ce qui a déjà plu à leurs lecteurs, ils reçoivent des éloges et s’appliquent à les croire. il n’y a finalement qu’une personne capable de juger une œuvre : c’est l’auteur lui-même.”
[couplet 1 : lucio bukowski]
je bouffe des portes closes, pendant que les autres trinquent
mon paquet de feuilles blanches bien posé sur le zinc
j’écrase tous vos héros d’une plume et de vécu
j’n’écris ni pour toi, ni pour caresser des culs
je crève sur du papier, l’horloge jusqu’à tard sonne
le cœur est un ch-sseur solitaire selon carson
minuit a coulé dans l’océan de mes cahiers
à boire au sein des runes des amph0r-s de lait caillé
étrange ces choses que l’on déterre en écrivant
ces fuites que l’on préfère le silence dérivant
de vie je fus errant dans les ruelles de mes pensées
quand, sapés sur leur 31, les miens sortaient danser
ces derniers temps, je n’écris que des choses tristes
à dire vrai, je finis par être sinistre
moi j’me fiche de leur musique, j’préfère la poésie
et déposer ma langue sur le bout d’un sein durci
j’écris plutôt que m’enliser dans mes angoisses
serait-ce une erreur si ma voix est pleine d’emphases ?
de l’encre plein les doigts, jusqu’au lever du soleil
mes foutues insomnies feront la joie de tes oreilles
ils te trouveront étrange, jalouseront ta mine défaite
en ignorant tes sacrifices, te résument en un set
déjà dix ans qu’j’ai mis ma vie sous hypothèque
je crie, je créé, j’écris, quand ils remplissent des discothèques
[couplet 2 : nadir]
j’ai poussé l’bouchon un peu trop loin
complice de mes piètres mots
qui tendrement, dans l’engrenage, prennent leurs marques dans le patrimoine
ils s’impatientent de jeter l’encre sur la blanche vierge
mais quand la berge arrive, se sont d’jà fait la belle en planche à voile
pêche mes rimes, point à la ligne, et tant qu’à faire je rame
en attendant l’inspiration, ce sera la bergerie
ou bien alors le pet-t nain qui désespère chirac
d’ailleurs, paraît que l’algérie c’est une supercherie
mais c’en est trop, ce soir pas de politique
même si j’aime pas les decs, là j’ai le poignet zen et poétique
j’écris sans thème, des hordes d’idées se magnent au loin là
toutes vos carole bouquet m’inspirent juste une vieille magnolia noire
clandestine et folle, d’une valeur inestimable
ma feuille est de couleur, écris fort sur jean marie le stylo
la coupe est pleine d’encre, pesée par le pet-t poids plume
et quand vient le trou noir, une rime vous manque et tout est dépeuplé
porte plainte contre la prof qui t’a poussée vers baal
et ton phrasé est en lui-même un putain de procès verbal
quand j’ai une pet-te mine et qu’on fait que de me tailler
je vais outre les quolibets entre les lignes de mon cahier
[couplet 3 : anton serra]
j’ai mis la plume à l’encrier, le pied à l’étrier
j’mettais déjà la forme pour toucher le fond quand j’n’avais pas pied
j’ai jeté l’éponge sur la craie, ainsi qu’la gomme sur la faute d’orthographe
autodidacte, mes points d’sutures j’les lisais par agrafes
au fond d’ma cl-sse, y’a que ma plume qui se tenait à carreau
au bout d’mon stylo bille brillait un bigaro
voilà qu’les maths viennent foirer mon plan
que mon waterman aille franchir merveilles et mont blanc
que maman s’f-sse tout un sang d’encre du style
que dans ma vie j’ai toujours fait bonne figure de style
c’est comme tramer des tissus d’mensonges
comme une fausse note sur la canson, dénaturant la chanson
plein d’bling-bling cérébral pour faire briller les gourmettes
si j’ouvre ma gueule, ouvrez les guillemets
mes mots j’les pèse en milligrammes
que j’leur fredonne de p’t-tes berceuses dès qu’je les couche sur philigrane
écrire en marge de la société
vingt consonnes et six voyelles
un paquet d’lettres et une voix plus que timbrée
c’est parfait
mon français n’est pas à refaire
perds ton latin, tu comprends pas, t’es pas un frère
de sang d’encre, dans l’groupe sanguin c’était écrit
si aujourd’hui t’es triste, moi renaud j’l’écoute depuis cent ans
des textes nacrés comme une perle, c’est rare
de l’encre a coulé sous les ponts. lucio, nadir, anton serra
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