momo g - première et dernière fim : une réussite lyrics
chronique
azpak – fim
sortie : mai 2016 (zaaf records/verclam)tracklist: (القائمة)
01. intro
02. dz hardcorp
03. el mara
04. zadem
05. fecondation in micro
06. illicite, pt. 2 feat. lax
07. khalouni tranquille
08. rapek ki el henna feat. dr snake
09. rap aroubi, pt. 2 (skit mix)
10. rap aroubi, pt. 2
11. bin ana wana
12. one luv feat. mic maestro & rafale a
13. politis feat. fada vex
14. nakra ghaya
15. khfif drif feat. gino g [bonus track]
cinq années se sont écoulées depuis son évasion du pavillon 35, une période durant laquelle le professional k!ller a troqué sa camisole d’aliéné contre le blouson d’un doc, pour expérimenter exclusivement dans les labos des zaaf, ce qui sera son dernier projet personnel, finement baptisé « fivm » (fécondation in micro), et qui accouchera finalement en moi de mai, de 14 morceaux-éprouvettes
fim n’est pas qu’un simple jeu de mot, mais c’est aussi l’apocope du mot « film » dans l’oranie (voir l’interview avec lbp). c’est un projet « m’basé 3la scénario » comme le définit son auteur. les p-ssionnés de l’art de slick rick sont donc invités à prendre place et à savourer ce dernier projet dans la carrière du laxiste
zappons l’intro et ses coucous germaniques/outre atlantiques, la fim peut se scinder grossièrement en deux parties : storytelling poignant et egotrip tranchant, et peut se résumer à quelques thématiques : la fatalité, les choix que l’on fait dans la vie, l’hommage aux 3roubia et la situation socio-politique du pays
easy-f comme producteur exclusif
dès les premières écoutes, on peut déceler une complicité à la one-der/vex entre azpak et le producteur exclusif qui n’est autre qu’easy-f, la tête des zaaf records. les boucles travaillées sont variées mais proches, et le mc les honore comme il se doit, même si son écriture reste un peu cl-ssique avec ses rimes régulières en fin de vers. plusieurs répliques de films cultes sont samplées de façon cohérente avec les t-tres sélectionnés
rap 3roubi 2
le deuxième volet de rap 3roubi, ou tonton ‘’miloud’’ du bled, est à fim ce que le premier fut pour pavillon 35, car encore une fois, azpak se démarque avec son propre style urbaino-bédouin et rend un énième hommage aux gens de la bédia. textuellement, le morceau vogue entre un storytelling généreux et un egotrip moqueur, le tout teinté d’une bonne dose d’humour. a noter le flow du mc caractérisé par des étirements sur les dernières syllabes, une belle façon d’imiter l’accent des 3roubia. d’ailleurs, le délire est poussé jusque dans les habits : 3mama, burnous, et toute la panoplie est bien exploitée. quant au coté musical à qui l’on doit particulièrement la réussite du son, easy-f redonne vie à la gasba de belgacem lakhdar (dit 3ami saâd), le flutiste fétiche de khelifi ahmed, et fait preuve de reconnaissance envers ces musiciens traditionnels cl-ssés aux oubliettes, n’en déplaise à la nouvelle vague de beatmakers qui tournent le dos au patrimoine local. mokhtar kheziret l’homme qui était derrière jhonny marre et fim, achève le travail avec un joli clip au décor champêtre. la boucle est bouclée et le rap 3roubi 2 fait avec les moyens du bord, écrase dans nos têtes les souvenirs d’un ancien tube des 113
parmi les meilleures histoires racontées dans cette fim, on retiendra surtout l’excellent nakra ghaya, où azpak met en exergue la vie d’un paria qui en veut à toute la société et jette la faute sur son destin malheureux pour justifier sa déviance, une -n-lyse intéressante qui s’achève par un constat qui déplait à l’artiste lui-même. les autres textes sont bien construits et les techniques narratives sont maitrisées (el mara et khfif dhrif (bonus disponible en physique)). d’autres textes sont tellement visuels et remplis d’images frappantes, comme bin ana wana où les personnages se multiplient et les situations s’opposent. un autre morceau énorme est khalouni, on a comme l’impression que c’est une suite probable au dernier couplet de pavillon 35, qui n’aurait pas suffi au malade pour étaler toutes les causes de son aliénation
le morceau éponyme fim quant à lui, avec son lot de conseils et de mises en garde, définit à merveille la couleur du projet, et souligne une alchimie parfaite entre le mc et le producteur des zaaf records qui durera tout au long du disque
plus abouti que le précédent
comparé avec son précédent sorti en 2011, fim est un alb-m plus abouti, plus réfléchi et dépourvu de sons mielleux (le frustré viva l’algérie ou le misogyne b-tch please). ici, les thèmes s’inscrivent dans la même lignée artistique établie, le switch est de moins en moins utilisé et l’agressivité verbale est bien plaisante notamment sur le superbe zadem. on regrette toutefois le choix de certains invités qui n’ont rien apporté de plus. par exemple, les couplets éparpillés d’azpak dans one luv, rapek kil hana et illicite 2 (d’ailleurs ce ne serait pas illicite 3 ?) sont énormes mais malheureus-m-nt se retrouvent gâchés par des prestations moyennes de snake, kdr et les autres. fada vex de son coté, a juste fait son job
la retraite du mc oranais
finalement, si azpak vient de mettre fin à sa longue carrière musicale de 20 ans, fim s’apparente à l’alb-m parfait avec lequel on tire sa révérence. on sent que le mc y a tout donné, dommage que l’accueil commercial ne soit pas à la hauteur, surement parce que «…makanche cinimattes» ! quoi qu’il en soit, fim est de loin le meilleur alb-m de cette année 2016, et a toutes les qualités pour s’octroyer une place dans le panthéon du rap dz
sélection :
rap 3roubi
fim
nakra ghaya
par : momo g*nius, 16 décembre 2016
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