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richard ankri - soleil et chait, pt.1 lyrics

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le soleil, le foyer de tendresse et de vie
verse l’amour brûlant à la terre ravie
et, quand on est couché sur la vallée, on sent
que la terre est nubile et déborde de sang ;
que son immense sein, soulevé par une âme
est d’amour comme dieu, de chair comme la femme
et qu’il renferme, gros de sève et de rayons
le grand fourmillement de tous les embryons !

et tout croît, et tout monte !

– ô vénus, ô déesse !
je regrette les temps de l’antique jeunesse
des satyres lascifs, des faunes animaux
dieux qui mordaient d’amour l’écorce des rameaux
et dans les nénufars baisaient la nymphe blonde !
je regrette les temps où la sève du monde
l’eau du fleuve, le sang rose des arbres verts
dans les veines de pan mettaient un univers !
où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre ;
où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre
modulait sous le ciel le grand hymne d’amour ;
où, debout sur la plaine, il entendait autour
répondre à son appel la nature vivante ;
où les arbres muets, berçant l’oiseau qui chante
la terre berçant l’homme, et tout l’océan bleu
et tous les animaux aimaient, aimaient en dieu !
je regrette les temps de la grande cybèle
qu’on disait parcourir, gigantesquement belle
sur un grand char d’airain, les splendides cités ;
son double sein versait dans les immensités
le pur ruissellement de la vie infinie
l’homme suçait, heureux, sa mamelle bénie
comme un petit enfant, jouant sur ses genoux
– parce qu’il était fort, l’homme était chaste et doux
misère ! maintenant il dit : je sais les choses
et va, les yeux fermés et les oreilles closes
et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l’homme est roi
l’homme est dieu ! mais l’amour, voilà la grande foi !
oh ! si l’homme puisait encore à ta mamelle
grande mère des dieux et des hommes, cybèle ;
s’il n’avait pas laissé l’immortelle astarté
qui jadis, émergeant dans l’immense clarté
des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume
montra son nombril rose où vint neiger l’écume
et fit chanter, déesse aux grands yeux noirs vainqueurs
le rossignol aux bois et l’amour dans les coeurs !



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